dimanche 30 décembre 2012

La jeune salamandre

La jeune salamandre
Aperçoit une mangue.
Elle tire la langue,
Laisse sa queue pendre ;
Elle vacille, tangue,
En vain : elle ne peut la prendre.

La salamandre d’or
Eclaboussée d’émeraude,
D’effort toute chaude
S’abandonne, détend son corps ;
Puis s’en va, penaude,
Et la mangue rit bien fort.

Photo par Patrick Coin - Travail personnel, CC BY-SA 2.5,


samedi 29 décembre 2012

Tu dois vivre...

C’est la solitude qui te feras mourir
Ne rejette pas les gens comme ça.
Pourquoi ne veux-tu aimer personne ?
Mais pourquoi ?

La source vive de ton amour est scellée,
Plus profondément que je ne l’ai jamais vu.
Regarde au fond de toi : es-tu tellement heureuse
D’être seule ?

Qu’est-ce qui t’as paralysée,
Quel est l’homme qui t’auras rejetée
Quand tu te donnais librement
À lui ?

Tu es encore jeune, reste pas comme ça :
La vie est trop courte pour être gâchée.
Nous sommes tous des papillons,
Alors, vole…

 

jeudi 27 décembre 2012

Je suis celle...

Je suis celle qui marche sur un tapis d’étoiles.
Je suis celle qui hante les Trois Mondes du Temps.
Je suis celle qui provoque et efface les tourments.
Je suis celle qui fait gonfler toutes les voiles,
Et cingler vers l’Eternité.

Je tiens d’une main légère les fils de vos vies,
Et de l’autres les élégants ciseaux qui les coupent.
Je suis celle qui vous embrase comme de l’étoupe,
Je suis celle que toujours l’on prie,
Et maudit, toujours et à jamais.



mardi 25 décembre 2012

La chasse

Volent les nuages dans le ciel, tandis qu’au sol, il court, apeuré ;
Son coeur est bien prêt d’exploser, ses poumons s’essoufflent,
Ses membres sont fatigués et trébuchent, ses yeux cherchent un abri.
Il sent l’odeur, l’odeur redoutée, les brindilles craquent derrière lui,

Il est là, se rapproche, se rapproche, sûr de lui, sûr de ses talents.

Le lapin trouve enfin son terrier ; il s’élance, faisant appel
À ses dernières forces, ses longues oreilles couchées sur son dos, il bondit.

Trop tard. Je vois quelques gouttes de sang tombées par terre,
Quelques touffes de poils, et je ne peux que deviner ce qu’il s’est passé.

 

dimanche 23 décembre 2012

La neige

La douce et fraîche neige
Tombe du ciel ;
Et un seul flocon semble
Une étoile si jolie…

Le Ciel est descendu sur Terre
Pour illuminer notre vie
Une joie mystérieuse

Nous étreint ;
Fragile beauté,
Si lumineuse,
Blancheur si pure enfin,

Que notre existence en semble pleine
De cette froideur blanche et molle :
Un bel hiver est plein de neige.

vendredi 21 décembre 2012

L'oeil de la douleur

L’abîme de sa noirceur
Est insondable. C’est une profondeur
Triste, incroyable, un joyau noir
De toute beauté, une triste pierre d’amande
Douce-amère. Brillante, le soir,
Telle aux étoiles, prends garde
Que la pupille ne fende ;
De couleurs vives tu te fardes,
Mais elles ne cachent pas ton œil.
D’apparence prometteuse
À l’intérieur ton deuil,
Ta pupille te trahit, pleureuse.

C’est l’œil de ta douleur
Qui te fait te trahir,
C’est la pupille de ta langueur,
Dans tes longs soupirs.
L’abîme de ta noirceur est insondable.
C’est une profondeur triste, incroyable.
C’est l’œil de la douleur,
Qui seul peut te trahir,
C’est la pupille de langueur
Qui seule, ceux qui la voient, fait souffrir.

mercredi 19 décembre 2012

Peur

C’est le jour qui se lève, qui te délivre
De tes peurs incertaines de la nuit.
Dans l’épaisseur moite de la sombre couverture,
Qui cachait des abîmes de noirceur et d’atrocités,
Tu frémissais et priais, priais pour être délivré
De ce cauchemar qui te hante depuis si longtemps.

lundi 17 décembre 2012

Le Mal

Le mal n’a pas de couleur,
Partout il se cache.
Faut-il avoir peur
De cette force qui nous hache ?

samedi 15 décembre 2012

Un matin

Un matin,
                L’aube
        Dorée, se lève.

Rayon rose, tu
        Frappes
        Le nuage
                Orange
        Jaune.

L’oiseau s’envole
        Tache noire à
                L’horizon,
Fraîche rosée, illuminée.

        Un matin,
                L’aube
        Dorée, se lève.

jeudi 13 décembre 2012

Lasse...

J’me sens agressive
Comme un’bête aux abois,
Prête à tout.
J’sens qu’je fatigue
J’n’en peux plus ;
Tout me lasse,
Me dépasse,
Me submerge,
M’enfouit au plus profond de la terre.

Parfois, j’aimerais voler
Dans les cieux, sentir le vent
Caresser mes cheveux
Voler, plus haut et encore
Plus loin, voler plus loin que tout
Que les autres,
Sentir la chaleur du soleil
Si douce, sur ma peau, voir de haut
Cette terre où je m’enfouis
De plus en plus profondément car
Je suis trop... lourde, d’humeur trop...
Sombre...

Et je sombre dans le noir
Dans la terre ou la mer, je
Ne sais plus,
Nage entre deux eaux puis
Cherche à s’envoler ma
Petite âme, mon petit corps,
Mais trop pesante, trop lourde je
retombe et replonge
Aussitôt dans cet abîme profond,
Où les rayons du soleil ne me
Parviennent
Plus.

mardi 11 décembre 2012

Un rêve

J’étais dans un grenier fabuleux,
Du plafond pendaient, étranges,
De très longues franges
De toiles arachnéennes en camaïeux.

Il y avait des bouquets de fougères ;
Remplis de liquides étincelants,
De bizarres récipients
Sur de longues rangées d’étagères.

Soudain des marches firent
Leur apparition. Je voyais
Des gens partir,
Qui montaient cet escalier,
D’une ivoirine lumière
Une douce et fraîche rivière.

J’ai monté et descendu cet escalier de flammes,
J’ai vu des humains et des animaux les âmes ;
Je n’ai jamais bien compris comment
J’avais pu le parcourir entièrement ;
Cela m’a été donné comme un précieux cadeau,
Un don merveilleux, et beau.

Hélas ! Vision éphémère de pure beauté,
Les larmes les remplissants, mes yeux se sont ouverts,
Et, remplie d’une indescriptible douceur, j’ai contemplé
Le clair matin et les arbres verts.


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J'ai essayé là de décrire un rêve m'étant réellement arrivé. Je me suis effectivement réveillée les larmes aux yeux, le coeur apaisé, emplie d'une joie sereine.

dimanche 9 décembre 2012

Un triste jour...

La tristesse d’un jour de pluie...
Le calme,
Un fond sonore en continu ;
Dans les cheminées coule la suie ;
Des gouttes d’eau tombant des feuilles de palme,
La lumière douce, dans le jour si ténu.

Partout, ce n’est que grisaille.
Où que porte le regard,
Seuls les nuages changent de couleur.
Aujourd’hui, la pluie fouaille,
Lançant son humide dard,
Le ciel a un pleur.

L’amour
Se sent triste et gris,
La joie, semble-t-il, fuie.
En ce jour,
Pas un rire, pas un souris,
La tristesse d’un jour de pluie...



vendredi 7 décembre 2012

L'orage, le soleil, et moi

J’entends le vent siffler hors d’ici.
Je vois les branches des arbres se plier, se balancer,
Quelques feuille s’envoler,
Le vent siffle, souffle.

Je sors. Le vent me souffle au visage
Souffle dans mes cheveux qui
Se mettent à voler en tous sens,
En avant, en arrière.

Maintenant, le vent gronde, les nuages volent
Plus aucun oiseau ne s’envole,
Les branches cassent, tombent.

De temps à autre, de brèves lueurs,
Éclairs, vifs et rapides, blancs et oranges,
Claquent, au-dessus de ma tête.

Plus de vent, encore plus, même les pierres volent.
Plus personne, dehors, les animaux, comme les hommes
Se terrent dans le moindre recoin.
Tout bouge, tout tremble,
Le tonnerre s’invite et le vent hurle.

La foudre ! Elle est tombée, tout près,
Sur un arbre. Cassé en deux, foudroyé, il tombe,
En deux morceaux, dans la forêt, sur la route.
Je suis sur la route. Mais je n’ai pas peur.
Je suis l’orage, et le tonnerre, et les éclairs, et le vent.

Je me laisse porter par le vent, et les éclairs m’illuminent,
Le tonnerre m’assourdit, je n’existe plus, je suis l’orage.

Je vois la terre tourmentée, sous les flots aveuglants qui
Tombent du ciel, et je tombe avec, et je deviens eau, petites gouttes d’eau.

Je tombe. Je reviens à moi. Il pleut, de plus en plus
Doucement. L’orage s’éloigne, mes pensées reviennent. Doucement.
Le ciel est gris. La lumière est grise. L’eau est grise.
Un grondement lointain. Je m’assieds sur un vieux tronc mouillé.

Je regarde et j’écoute. J’écoute la pluie qui tambourine
Sur le vieux tronc creux et moussu où je me suis assise,
Doucement. Le vent tombe. La pluie s’arrête. Les nuages sont partis.
Doucement. Le soleil apparaît, lentement, ses chauds rayons m’éclairent.

Des rayons de miel me tombent dessus, me réchauffent,
Et le coeur, et le corps. L’orage s’éloigne.
Un immense arc de cercle, brillant, et coloré.

Un arc-en-ciel : écarlate et rubis.
Puis du bronze, du cuivre; de l’or brillant comme le miel du soleil.
Émeraude, vert d’herbe humide; azur du ciel après l’orage.

Indigo du soir qui tombe, comme celui qui tombe
Sur moi. Violet améthyste, la gloire du soleil couchant
Comme ce soleil, après l’orage, qui me réchauffe,
Qui me baigne de son miel écru. Le soleil se
Couche, le roi du jour. Je deviens ce soleil et je lutte

Je lutte pour laisser nos couleurs, les couleurs de l’arc-en-ciel.
Ces couleurs de pierres et de métaux précieux, aux tons si chauds.
Couleurs de fruits : grenade, orange, banane, citron vert et l’eau
Des lagons bleus, leur indigo, et leur violet.
Mais la nuit se rapproche, et le soleil cède gracieusement la place.

La lutte est finie, la nuit est là. Bleu, indigo,
Violet, noir. De petits points d’argent incrusté dans l’ébène.

Mes pensées perdues retrouvent leur chemin dans les méandres,
À la lueur de la lune, si belle et si pâle, grise, blanche, et noire.

Je rentre chez moi. Il est temps. L’orage est vaincu.

L’orage est vaincu par le soleil.

Le soleil est vaincu par la nuit.

Et moi, je suis vaincue par l’humidité,

Par le froid. Je rentre chez moi.

Et je m’endors, vaincue par le sommeil.


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Ce poème fut créé pendant deux longues heures de cours de français au lycée, les deux dernières heures du jour. Oui, je sais, j'aurais dû mieux écouter la prof, mais c'est tellement barbant alors que l'imagination s'envole !

mercredi 5 décembre 2012

La souris

Un jour, je sortis,
Il pleuvait.
Je vis une souris,
Qui se cachait.

— Pourquoi, lui demandais-je,
Pourquoi te caches-tu ?
— J’ai peur qu’il neige,
Répondit-elle d’une voix aiguë.

— Il ne neigera pas,
Puisqu’il pleut !
— Les nuages sont bas,
Le ciel n’est pas bleu.

Je préfère le soleil,
Quand le temps est beau,
Car il n’a pas son pareil
Pour me chauffer le dos.

lundi 3 décembre 2012

Flirt

Flirt, noir comme la suie,
Tu es invisible la nuit ;
Je me vois sur ton dos,
Au soleil tout chaud ;
À travers le temps,
Crinière au vent ;
Sauter les fossés,
Galoper, galoper ;
Ne pas voir le temps qui passe ;
Ni prendre le temps d’effacer les traces
D’écume sur ta bouche,
Ni chasser les mouches
Qui volaient autour de tes yeux.
Oh, comme nous étions heureux !

Le galop fini,
Rester ensemble ;
Le corps qui tremble,
Manger les herbes de riz ;

Ces herbes folles
Que tu aimais tant ;
Sans faux-semblant,
De toi j’étais folle.

Flirt, beau poney,
Cheval sauvage,
Au bleu pays des orages,
Un soir tu montais.

samedi 1 décembre 2012

Maître Quibus

Maître Quibus, sur un tas de carottes perché,
Tenait en sa bouche la clé de la sellerie.

Maître Cavalier, par la clé alléché,
N’y tenant plus, lui dit :
- Ô malicieux poney, si ton chant
Est comme ta parure,
Alors ce hennissement
Est enluminé de dorure.

Maître Quibus en fut si séduit,
Qu’il se laissa convaincre et hennit.

Alors, Maître Cavalier,
Ramassant la clé,
À Maître Quibus ahuri :
- Je cours à la sellerie ;
Car cela fait un bail
Que tu n’as pas fait de travail !

Quibus et moi, août 1994, au Manège des Bruyères (Lacroix St Ouen)

Vous reconnaîtrez sans nul doute sur quel poème est pastiché celui-ci. Ancienne cavalière, Quibus fut un de mes poneys favoris, de race Dartmoor, gracieux, énergique et têtu.