J’entends le vent siffler hors d’ici. 
 Je vois les branches des arbres se plier, se balancer, 
 Quelques feuille s’envoler, 
 Le vent siffle, souffle.
 
 Je sors. Le vent me souffle au visage 
 Souffle dans mes cheveux qui 
 Se mettent à voler en tous sens, 
 En avant, en arrière.
 
 Maintenant, le vent gronde, les nuages volent 
 Plus aucun oiseau ne s’envole, 
 Les branches cassent, tombent.
 
 De temps à autre, de brèves lueurs, 
Éclairs, vifs et rapides, blancs et oranges, 
 Claquent, au-dessus de ma tête.
 
 Plus de vent, encore plus, même les pierres volent. 
 Plus personne, dehors, les animaux, comme les hommes 
 Se terrent dans le moindre recoin. 
 Tout bouge, tout tremble, 
 Le tonnerre s’invite et le vent hurle.
 
 La foudre ! Elle est tombée, tout près, 
 Sur un arbre. Cassé en deux, foudroyé, il tombe, 
 En deux morceaux, dans la forêt, sur la route. 
 Je suis sur la route. Mais je n’ai pas peur. 
 Je suis l’orage, et le tonnerre, et les éclairs, et le vent.
 
 Je me laisse porter par le vent, et les éclairs m’illuminent, 
 Le tonnerre m’assourdit, je n’existe plus, je suis l’orage.
 
 Je vois la terre tourmentée, sous les flots aveuglants qui 
 Tombent du ciel, et je tombe avec, et je deviens eau, petites gouttes d’eau.
 
 Je tombe. Je reviens à moi. Il pleut, de plus en plus 
 Doucement. L’orage s’éloigne, mes pensées reviennent. Doucement. 
 Le ciel est gris. La lumière est grise. L’eau est grise. 
 Un grondement lointain. Je m’assieds sur un vieux tronc mouillé.
 
 Je regarde et j’écoute. J’écoute la pluie qui tambourine 
 Sur le vieux tronc creux et moussu où je me suis assise, 
 Doucement. Le vent tombe. La pluie s’arrête. Les nuages sont partis. 
 Doucement. Le soleil apparaît, lentement, ses chauds rayons m’éclairent.
 
 Des rayons de miel me tombent dessus, me réchauffent, 
 Et le coeur, et le corps. L’orage s’éloigne. 
 Un immense arc de cercle, brillant, et coloré. 
 Un arc-en-ciel : écarlate et rubis. 
 Puis du bronze, du cuivre; de l’or brillant comme le miel du soleil. 
Émeraude, vert d’herbe humide; azur du ciel après l’orage.
 
 Indigo du soir qui tombe, comme celui qui tombe 
 Sur moi. Violet améthyste, la gloire du soleil couchant 
 Comme ce soleil, après l’orage, qui me réchauffe, 
 Qui me baigne de son miel écru. Le soleil se 
 Couche, le roi du jour. Je deviens ce soleil et je lutte
 
 Je lutte pour laisser nos couleurs, les couleurs de l’arc-en-ciel. 
 Ces couleurs de pierres et de métaux précieux, aux tons si chauds. 
 Couleurs de fruits : grenade, orange, banane, citron vert et l’eau 
 Des lagons bleus, leur indigo, et leur violet. 
 Mais la nuit se rapproche, et le soleil cède gracieusement la place.
 
 La lutte est finie, la nuit est là. Bleu, indigo, 
 Violet, noir. De petits points d’argent incrusté dans l’ébène.
 
 Mes pensées perdues retrouvent leur chemin dans les méandres, 
 À la lueur de la lune, si belle et si pâle, grise, blanche, et noire.
 
 Je rentre chez moi. Il est temps. L’orage est vaincu.
 
 L’orage est vaincu par le soleil.
 
 Le soleil est vaincu par la nuit.
 
 Et moi, je suis vaincue par l’humidité,
 
 Par le froid. Je rentre chez moi.
 
 Et je m’endors, vaincue par le sommeil.

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Ce poème fut créé pendant deux longues heures de cours de français au lycée, les deux dernières heures du jour. Oui, je sais, j'aurais dû mieux écouter la prof, mais c'est tellement barbant alors que l'imagination s'envole !